FATO Info n° 36 – Décembre 2015
Difficultés de développement des Centres d’Appareillage Orthopédique en Afrique (cas du Mali)
Pendant la trentaine d’années dans le domaine de la réadaptation fonctionnelle et en particulier de l’appareillage Orthopédique, j’ai constaté que beaucoup de centres en Afrique ont des difficultés à se développer. Cet éditorial est une opportunité offerte par la FATO afin de partager modestement une analyse de la situation de notre profession.
Au niveau des Politiques nationales de santé.
Même si un nombre important d’Etats africains ont ratifié la Convention Internationale relative aux Droits des Personnes Handicapées, il reste que la mise en application n’est pas effective. Ce constat a été fait au cours des congrès organisés par la FATO en Tanzanie et en Côte d’Ivoire. Ensuite, la double tutelle des centres, entre ministères (Santé et Développement Social/ Affaires Sociales) dans un même pays impacte sur le développement de la réadaptation fonctionnelle.
Au niveau des Ressources humaines.
Le constat aujourd’hui est l’insuffisance de ressources humaines presque dans tous les centres malgré l’existence des écoles de formations au
Togo, Tanzanie et d’autres au Maghreb. L’augmentation du taux de prévalence des personnes handicapées due aux guerres, diabètes, accidents
traumatiques. Un personnel vieillissant et qui arrête le travail pour des raisons quelconques sans être souvent remplacé.. A cela, s’ajoutent
l’insuffisance des compétences due à l’inexistence de niveau 1 dans plusieurs pays et le manque de formations continues.
Au niveau de l’approvisionnement en matières premières importées.
Aujourd’hui, malgré l’opportunité d’approvisionnement en matières premières importées offerte par l’Organisation Africaine pour le Développement
des Centres pour Personnes Handicapées (OADCPH) basée à Lomé et la représentation de PROTEOR à Ouagadougou, les centres ne parviennent
toujours pas à s’approvisionner. Cette situation s’explique par un manque d’organisation et une gestion inadéquate.
Au niveau environnement de travail.
Beaucoup de centres sont logés dans des espaces réduits ne respectant pas souvent les normes internationales. Surtout les centres de provinces
sont les plus souvent logés à proximité de la morgue ou service contagieux ou dans des bâtiments abonnés et réhabilités. C’est ce qui justifie
souvent la méconnaissance des prestations fournies par les techniciens par les responsables qui dirigent le service.
Au niveau motivation du personnel
Le personnel de réadaptation ne bénéficie pas de motivations à la hauteur de leurs souhaits comme d’autres travailleurs du même
service. Qui a jamais appris qu’un technicien orthoprothésiste a reçu une distinction de médaille de mérite nationale ?
La qualité des soins.
La Vétusté, l’insuffisance et le manque des petites machines, outillages et équipements font que la qualité des soins fait défaut.
Rares de centres ont pu réparer des veilles machines par manque de pièces de rechanges ou acheter des machines neuves.
Tant que tous ces éléments ne sont pas réunis, le développement des Centres d’Appareillage Orthopédique en Afrique serait difficile.
C’est pourquoi j’adhère cette pensée de GOGUE, (J., P., 1997, Management de la qualité WWW.2.unil.ch) qui dit que, pour
être à l’écoute de la voix du client, il faut la maîtrise des facteurs ‘’M’’ affectant la qualité. Ces facteurs sont entre autres ; les Matériaux,
la Main d’oeuvre, le Matériel (Machines), le Milieu de travail, les Méthodes de travail, le Management (culture d’entreprise)
et les Moyens financiers.
Merci pour cette lecture